Voici un historique sur les Chasseurs de l'USAAF
Quand l'Amérique entre en guerre, les chasseurs standards de l'USAAF sont le P-39 Airacobra et le P-40. Aucun des deux modèles n'est à la hauteur de ses adversaires potentiels, pourtant leur production se prolongera jusqu'en 1944. Pour le Airacobra, la raison est claire: s'il est un intercepteur médiocre, son canon de 37 mm en fait, par contre, un puissant appareil d'appui au sol. Les Russes, grand amateur de ce genre d'appareil, en utiliseront des milliers et emploieront tout aussi volontiers son successeur, le Kingcobra, produit jusqu'à la fin de la guerre.
Pour le P-40, c'est plus paradoxal, surtout si l'on considère qu'avec plus de 13500 exemplaires, c'est le troisième chasseur le plus construit de l'arsenal américain. S'il a quelques capacités pour l'appui au sol, ce n'est pas un champion dans cette catégorie non plus. Ni les Britanniques ni les Russes n'éprouvent d'enthousiasme particulier à son égard. En 1942, le P-40 est le seul chasseur américain disponible en nombre. Il doit supporter le poids de la lutte contre l'expansion japonaise dans le Pacifique. C'est ça ou rien. En 1943, le Lightning peut commencer à le relever, mais il n'y en a pas encore assez et le P-40 a encore sa place. En 1944, la seule raison de son existence est industrielle: les programmes pour lui donner un successeur ont capoté. Pour ne pas laisser inemployée d'énormes capacités de production, on continue à sortir un avion dépassé !
La seconde génération, c'est le chasseur bimoteur Lightning, le type même de l'avion non conventionnel. Même s'il ne peut rivaliser en maniabilité avec les monomoteurs japonais ou allemands, il les surpassent presque tous en robustesse, armement, vitesse et rayon d'action. Cette dernière qualité sera précieuse aussi bien en Europe (pour escorter les raids au dessus de l'Allemagne) que dans le Pacifique (où les distances sont toujours énormes). Quand il aura passé le flambeau des missions d'interception aux avions de la génération suivante, il continuera à être un chasseur bombardier redoutable et redouté.
Malgré ses qualités, le Lightning ne pouvait rivaliser en combat tournoyant avec des monomoteurs. La dernière génération des chasseurs US sont des monomoteurs, qui vont largement surpasser leurs adversaires sur deux points: l'altitude de croisière et le rayon d'action. Ce n'est pas un hasard. Le rôle premier du chasseur américain est devenu l'escorte des bombardiers lourds. Ceux-ci opèrent sur des distances énormes et croisent à des altitudes élevées. Pour les protéger, les chasseurs doivent pouvoir les suivre, d'où la nécessité de voler haut et loin.
Le Thunderbolt est un gros avion. Bien que monomoteur, il est à peine plus petit que le Lightning bimoteur. Sa mission première est l'escorte des raids de bombardement au dessus de l'Allemagne. Il fut le premier à rendre le ciel allemand plus dangereux pour les avions de la Luftwaffe que pour ceux de l'USAAF. Outre ses qualités d'escorteurs, le Thunderbolt trouva largement usage à ses capacités de chasseur bombardier pendant la bataille de Normandie.
Entré en service seulement quelques mois après le Thunderbolt, le Mustang était quasiment d'une autre génération. Plus petit, moins bien armé, il était beaucoup plus maniable et volait encore plus loin. Même à des centaines de kilomètres de sa base, il surpassait les Bf 109 allemands ou les Zero japonais au dessus de leurs propres bases. Alors que le Thunderbolt était un produit 100% USAAF, le Mustang, lui, n'aurait pas vu le jour et ne serait pas devenu l'un des meilleurs chasseurs de la guerre sans les Britanniques. Ce sont eux qui commandèrent l'avion et surtout, ce sont eux qui eurent l'idée de remplacer le moteur américain par leur Merlin, ce qui transforma un médiocre avion d'attaque au sol en un superbe intercepteur.
Les chiffres de production des chasseurs américains reflètent le punch industriel des USA pendant la guerre: les Thunderbolt et le Mustang sont tous les deux produits à plus de 15 000 exemplaires (le Thunderbolt bat le Mustang sur le poteau, moins de deux cent exemplaires de diffèrence), 13 500 P-40 sortent des usines (pour la raison expliquée plus haut) tandis que les Lightning et les Airacobra tournent autour de 10 000 exemplaires chacun. Total de ces cinq modèles mis ensemble: 60 000 exemplaires.