Lucien Feltesse voit le jour à Bruxelles le 13 août 1898. Il mène une scolarité normale mais qui est interrompue par le déclenchement de la Grande Guerre.
A seize ans il s'engage comme volontaire dans l'armée royale belge. Il combat dès l'année 1914 dans la région de l'Yser. Affecté dans un régiment de ligne, il occupe pendant un temps le rôle peu enviable d'estafette, filant de tranchée en tranchée pour amener et transmettre les consignes des officiers supérieurs. De 1914 à 1918, il est blessé à trois reprises, dont une fois assez grièvement. Comme tant d'autres il subit des attaques aux gaz et souffre des effets secondaires. Son courage et son abnégation lui valent d'être cité à l'Ordre de l'Armée. Il est titulaire de la Croix du Feu et de la Croix de Guerre belge. Feltesse est aussi décoré de la médaille commémorative de la bataille de l'Yser ainsi que de l'Ordre de la Couronne. Ayant combattu dans le cadre d'opérations combinées avec l'armée française, il reçoit la Croix de Guerre française et de la Légion d'Honneur.
Rescapé de la boucherie de 1914-18, Lucien Feltesse retourne à la vie civile.
Durant l'entre deux guerres, Feltesse reprend ses études et s'oriente vers le domaine commercial. Marié, il intègre le service consulaire belge et se voit muté à Paris, ville pour laquelle il a une affection toute particulière. A la fin des années trente il constitue une société de négoce et s'installe place Vendôme à Paris. Citoyen belge, il reste à Paris lors de la drôle de guerre et assiste impuissant à la débâcle des armées françaises pendant les mois de mai et juin 1940. Homme d'affaires, Lucien Feltesse fréquente énormément de gens. Il compte parmi ses relations un certain Maurice Duclos, gaulliste de la première heure et résistant connu sous le pseudonyme de "Saint Jacques".
Dès la fin de l'année 1940, Feltesse intègre le B.C.R.A sous les ordres du Colonel Passy et prend comme nom d'emprunt "Boulard". Dès lors Feltesse contribue activement à la constitution du réseau Saint Jacques en recrutant des agents et en collectant des renseignements. Il conserve ses entrées dans les milieux diplomatiques et en profite pour récupérer des documents importants. En 1941 "Boulard" met en place avec l'accord de Londres son propre réseau de résistants, malheureusement le 08 août 1941, trahi par l'un de ses hommes, il es arrêté par la Gestapo et mis en prison à Fresnes. En captivité il résiste aux interrogatoires souvent "musclés" et prône sa totale innocence.
A force de courage et de persévérance, il parvient à convaincre ses geôliers qu'il n'est qu'un simple homme d'affaire uniquement préoccupé par ses seuls intérêts financiers. Il recouvre finalement la liberté en 1942, après plusieurs mois de captivité. Dès sa libération, il reprend contact avec les réseaux de résistants gaullistes. Feltesse reçoit pour nouvelle mission la mise en place d'une collaboration plus étroite entre les réseaux du Nord de la France et le réseau belge "Marc". Il fournit de nombreuses informations et aide à la fabrication de faux-papiers. Il dérobe régulièrement des cachets et tampons officiels dans les consulats et ambassades lors des soirées mondaines qui y sont données !
En 1943 puis 1944, il entre en relation avec le célèbre colonel Renaud-Roulier dit "Rémy" et le colonel Fourcaud.
Nommé commandant de la France Libre, Lucien Feltesse participe à la libération de Paris, n'hésitant pas à faire le coup de feu contre les hommes de Choltiz. Après la guerre, il retrouve le milieu civil et le monde des affaires. En parallèle il devient vice-président de l'association des Français Libres. Il décède au mois d'octobre 1968 et est inhumé en Gironde, région où il s'était retiré.