Omar Bradley naît dans l'état rural du Missouri, à quelques kilomètres de Clark, le 12 février 1893. Il est le seul enfant survivant d'un instituteur nommé John Smith Bradley et de son épouse Sarah. Omar est élevé dans la tendresse et mobilise toute l'attention de ses parents. Si c'est un garçon sportif, futur joueur vedette de l'équipe de base-ball de la Moberly High School, il n'en néglige pas pour autant ses études. Cependant, Omar une fois adolescent est obligé de chercher de petits emplois afin d'accroître les très modestes revenus de la famille. Son diplôme de fin d'études en poche, il se fait embaucher dans une compagnie ferroviaire régionale afin de gagner suffisamment d'argent pour financer ses frais d'entrée à l'université du Missouri. C'est sur les conseils de l'un de ses professeurs qu'il décide de présenter sa demande d'admission à l'académie militaire de West Point en 1911. Son dossier accepté, Bradley passe devant un jury qu'il réussit à convaincre arguant de son goût de l'effort et de la discipline. Durant ses quatre années à l'académie de West Point, Bradley ne se fera jamais remarqué. Tout comme certains de ses camarades de promotion, dont un certain Dwight D. Eisenhower, il parvient in extremis en fin de 4e année au grade d'aspirant. Omar Bradley quitte West Point le 12 juin 1915. Son arme ? L'infanterie. Son unité d'application ? Le 14th Infantry Regiment basé à Fort G. Wright dans l'état de Washington.
Si Bradley aspire à une vie d'aventurier, l'actualité de cette année 1915 le comblera très vite. Tandis que la guerre ravage l'Europe, une révolution dirigée par Pancho Villa éclate au Mexique. Les autorités de Mexico City sont très vite dépassées par les événements et ne peuvent empêcher les rebelles de traverser le Rio Grande afin de mener des actions sur le territoire des Etats-Unis. La Maison Blanche réagit, ordonnant à l'US Army de pénétrer au Mexique afin d'y arrêter Vila et sa bande. Sous les ordres du Général Pershing les soldats américains se mettent en marche. Les Gardes Nationales du Texas, de l'Arizona, et Nouveau Mexique sont aussi mobilisées. Le quatorzième d'infanterie doit quant à lui rejoindre au plus vite camp Douglas dans l'Arizona. Sur place Bradley est en charge de mener de longues et harassantes patrouilles le long de la frontière. Sept mois après sa sortie de West Point, il est promu lieutenant.
Avec l'entrée en guerre des USA dans la Grande Guerre, Omar Bradley devient capitaine. Les rumeurs vont bon train et les hommes du 14th Infantry Regiment s'attendent à rapidement recevoir leur ordre de départ pour l'Europe. Mais contre toutes attentes, le régiment est finalement chargé de surveiller des mines stratégiquement vitales dans le Montana ! Bradley tente de se faire muter en Europe, mais rien y fait. Il se console avec une nouvelle promotion et le commandement du second bataillon du régiment. En août 1918 la douche écossaise reprend de plus belle ! Le 14th Infantry Regiment est affecté à la 19th Infantry Division stationnée à Des Moines dans l'Iowa. Le départ pour la France est imminent, juste retardé par une épidémie de fièvres qui touche les soldats. Début novembre tout est enfin prêt. Bradley exulte ! Il va enfin se mesurer à ceux d'en face, mais le 18 au matin, il apprend avec stupeur qu'il ne partira pas l'armistice venant d'être signé ! l'armée démobilise, Bradley est muté dans le Dakota du Sud comme instructeur.
En 1920, il retourne à l'académie de West Point pour y enseigner les mathématiques. En 1924, il est muté à Fort Benning en Géorgie. Instructeur, il dispense des cours sur les techniques de combat de l'infanterie. Il part ensuite rejoindre sa nouvelle affectation, le 27th Infantry Regiment, élément organique de la "Hawaiian Division". Sur place il fait la connaissance d'un personnage haut en couleurs et singulièrement extraverti : George Smith Patton. Omar poursuit sa carrière et rejoint Fort Leavenworth au Kansas en 1928 pour y suivre des cours sur l'art du commandement. En 1929, alors que l'Amérique sombre dans une terrible crise économique et financière, Bradley entame à nouveau une période de quatre ans en tant qu'instructeur. Il travaille sous le commandement du général Marshall. De l'aveu même de Bradley, Marshall sera d'une très forte influence sur sa manière de concevoir la guerre et le commandement.
En 1934, Bradley diplômé de l'école de guerre, est affecté de nouveau à Fort Benning en tant qu'instructeur. Il y côtoie nombre de ses futurs subordonnés de la Seconde Guerre Mondiale. En 1936 Omar devient lieutenant-colonel. Après seize années dans l'US Army, il muté deux ans plus tard à l'état-major du War Department, où il est assisté dans sa tache par Bedell Smith. En février 1941, le récemment promu général de brigade Bradley repart pour l'école d'infanterie de Fort Benning dont il devient le commandant. Il travaille en coopération avec Patton qui de son côté forme et entraîne la 2nd Armored Division. Une sincère amitié naît entre les deux hommes.
Le 08 décembre 1941 les USA entrent en guerre suite à l'attaque de Pearl Habour par les Japonais. Bradley prend le commandement de la 82nd Infantry Division, unité qui avait combattu durant la Grande Guerre, mais qui était "en sommeil" depuis les années 20. Appliquant ses méthodes, il communique énormément avec ses hommes, mais exige de ces derniers une obéissance sans faille et un maximum d'entrain. Son travail porte ses fruits et la division est rapidement opérationnel, mieux elle atteint un degré d'entraînement qui l'a destine à devenir une unité d'élite. Comme en 1918, Bradley jubile et espère pouvoir partir au feu à la tête de ses GI's ! Et tout comme en 1918... ce n'est pas le cas. Le général Marshall, impressionné par ses résultats avec la 82nd Division, lui confie le commandement de la 28th Infantry Division. L'unité est basée en Louisiane et ses hommes sont issus de la National Guard. Matthew Ridgway prend le commandement de la future 82nd Airborne Division.
Bradley étant avant tout un technicien et un soldat, il se met au travail avec sa légendaire application. Il commence par faire suivre à ses officiers des cours sur le commandement et les techniques de combat. Il étudie avec minutie chacun de ses bataillons et procède lui-même à des mutations parmi les officiers et les sous-officiers. Le général se sert aussi du sport pour développer un fort esprit de cohésion dans ses groupes. Ca marche. Mais peut être trop bien... car 1.600 de ses cadres sont mutés par le haut commandement afin de "doper" des divisions en formation ! Bradley doit en appeler au général Marshall pour que ne cesse cette hémorragie permanente ! Plus que jamais la division a besoin de se constituer un esprit de corps. Conséquence ? Les exercices se multiplient et Bradley va même jusqu'à organiser un assaut amphibie sur les côtes de Floride. La 28th I.D. est à son tour apte au combat, nous la retrouverons en Europe.
En novembre 1942 les USA mènent en coopération avec les britanniques, l'opération "Torch", le débarquement de troupes alliées en Afrique du Nord Française, encore fidèle à Vichy. De son côté, Bradley doit prendre le commandement du VIII corps d'armée en février 1943. Mais il n'a même pas le temps de boucler ses valises ! Rappelé de son nouveau commandement, il est envoyé en Afrique du Nord sous les ordres de son camarade de promotion Dwight D. Eisenhower. La situation des GI's est mauvaise surtout après la cuisante défaite encaissée au col de Kasserine. Ike décide de relever le général Lloyd Fredendal de son commandement du II Corps et de le remplacer par Bradley qui travaille désormais sous le commandement de Patton. Les troupes du II Corps se comportent avec brio lors de la phase finale de la bataille de Tunisie. Bizerte tombe et 40.000 grenadiers allemands sont fait prisonniers. l'Axe est définitivement expulsé d'Afrique ; l'Italie et le IIIe Reich perdent 250.000 hommes.
En 1943 les alliés cherchent à tous prix à prendre pied en Europe. L'opération "Husky" est planifiée. La Sicile sera la prochaine cible des unités anglo-américaines. Sous la direction de Patton, Bradley y commande un corps d'armée. C'est pendant cette campagne de Sicile que Bradley est médiatisé par un correspondant de guerre américain, Ernie Pyle. La légende, pour partie justifiée et vraie du "Général-Soldat" est née. Bradley, discret autant que Patton peut être "grande gueule" est perçu comme étant un travailleur acharné, proche de ses hommes et surtout très simple. Les Allemands chassés de Sicile, les italiens venant de capituler, Omar Nelson Bradley quitte le théâtre d'opérations méditerranéen et part pour les Etats-Unis. Eisenhower vient en effet de lui confier une nouvelle mission : la constitution du Quartier Général de la 1st U.S. Army. Cette armée fera partie des forces alliées engagées en Normandie. Bradley sillonne le pays et recrute bon nombre de ses anciens élèves, entre temps devenus à leur tour généraux de corps d'armée ou de divisions : Collins, Corlett, Gerow, Middleton sont affectés à des postes de responsabilité au nouveau Q.G. Ce dernier est basé en Grande-Bretagne dès la fin du mois d'octobre 1943. Ike satisfait du travail réalisé par Bradley lui confie la création du 12th US Army Group, qui prendra à terme sous sa coupe la 1st US Army mais aussi la 3rd US Army de Patton. Eisenhower, nommé commandant en chef de toutes les forces alliées pour l'invasion de l'Europe en janvier 1944, confirme à Bradley qu'il commandera le 12th US Army Group. Pendant les mois qui précédent le débarquement Bradley travaille à l'organisation des opérations en étroite coopération avec le général Sir Bernard L. Montgomery. Il assiste à de nombreuses manoeuvres, dont celles menées par la 82nd Airborne Division, ex 82nd Infantry Division dont il fut le commandant en 1941.
Le 06 juin 1944 au matin, Bradley commande les opérations de débarquement - opération "Overlord" - depuis la passerelle du croiseur lourd USS Augusta (CA-3). Anxieux il suit minute après minute le tragique débarquement d'Omaha Beach contre les hommes de la 352 ID allemande. Le 09, avec l'autorisation de Ike Eisenhower, le Quartier Général de la 1st US Army est installé à terre. Omar ordonne au VII Corps de prendre le port de Cherbourg et de libérer la péninsule du Cotentin. Mais ailleurs, la résistance allemande est très important, et le bocage normand n'arrange pas la situation. Chaque champ, bordé d'arbres et de hautes et épaisses haies devient un véritable enfer. Les Grenadiers allemands s'y embusquent, détruisant les chars américains à coup de canons Pak ou de Panzerfaust. L'infanterie d'accompagnement est hachée sur place par les tirs des redoutables MG 42. Pour ne rien arranger Hitler a rameuté des divisions de Panzer dont des unités de Waffen-SS... Si le débarquement est réussi, la bataille de Normandie s'annonce pour le moins difficile.
Bradley imagine alors un plan pour percer les lignes adverses. Il baptise cette opération "Cobra". Tout est dans le nom de code... Il souhaite utiliser les bombardiers lourds, les fameux B-24 et B-17, pour laminer les défenses allemandes sur une portion du front de quelques kilomètres. Dans un second temps il envisage de lancer dans la brèche ses propres divisions blindées chargées de réaliser l'exploitation et de bousculer les arrières allemands. Le 25 juillet, le bombardement de saturation à lieu, mais la précision est largement en deçà du niveau requis puisque des unités américaines sont elles aussi touchées par les bombes. Trois Armored Divisions s'engagent dans le trou béant des défenses allemandes. Puis c'est au tour des divisions de Patton "d'entrer dans la danse". Avec deux armées américaines en Normandie, Ike rend opérationnel le 12th US Army Group. Comme convenu Bradley le prend en charge, laissant la responsabilité de la 1st US Army au talentueux général Hodges, un autre de ses anciens élèves de Fort Benning. Au 01 août 1944, le général Bradley a sous ses ordres 21 divisions et 903.000 GI's. L'on s'en doute, l'affaire n'est pas mince à gérer tous les jours... Surtout que Patton a peine débarqué en Normandie, multiplie les coups de main et fait preuve, comme toujours, d'une lecture très personnelle des ordres reçus ! Néanmoins, Bradley, à la manière de l'un de ses modèles, le général britannique Harold Alexander, laisse une forte initiative a ses chefs de divisions et se charge surtout de coordonner les différentes actions. En août-septembre la partie est gagnée, les Allemands se font étriller à Falaise, Paris est libéré par les hommes de la 2e DB de Leclerc et les troupes alliées débarquées en Provence font leur jonction avec les unités venant de Normandie.
Alors que la Wehrmacht semble être en pleine décomposition, Bradley laisse toute latitude à ses deux chefs d'armées, Patton et Hodges, pour organiser la poursuite de l'ennemi. Un problème sans cesse croissant l'accapare : le ravitaillement des unités alliées. Seul moyen d'atténuer ses soucis de logistique, capturer des ports ayant de grandes capacités de transit. Mais en septembre le 12th US Army Group commence à sérieusement manquer de ravitaillement. Parallèlement, les Allemands repliés sur la ligne Siegfried, ultime rempart du IIIe Reich, se ressaisissent et opposent une vigoureuse opposition aux GI's. Plus au Nord, le groupe d'armées britannique est engagé dans une vaste opération aéroportée aux Pays-Bas. Nom de code de cet assaut aéroporté ? "Market Garden". L'affaire se solde par un cuisant échec mais elle a drainé une quantité considérable de ravitaillement. Patton déclarera à Bradley, qu'avec "Market Garden" les alliés viennent de perdre l'occasion de finir la guerre avant l'hiver 1944.
source:
http://www.1939-45.org/bios/bradley.htm